James bond aux états-désunis

En plus d’essayer de simplement vivre leur vie en ces jours de crise socio-économique, ce qui, Dieu seul le sait, est déjà assez difficile, les gens peuvent à peine démêler les intentions apparemment malveillantes des responsables du monstre que le gouvernement est devenu. Et donc, la question se pose : essaient-ils réellement de tous nous tuer, ou sont-ils si corrompus et stupides que tout ce qu’ils touchent s’effondre ? C’est un ‘no-brainer’ (sans cerveau)!


En premier, vous avez cette galerie de méchants internationaux tirés d’un livre de jeu de James Bond : Bill Gates, Klaus Schwab et George Soros – des mégalomanes armés de méga-argent, une recette pour les ennuis – représentant l’émergence d’un monde – soit disant régime salvateur, de concert avec les dirigeants nationaux laquais. Leur récit va comme ceci: Les humains se sont trop répliqués, comme des asticots dans une poubelle, ils saccagent la planète et engloutissent (nos) ressources, et nous devons trouver un moyen de nous en débarrasser qui ressemble à une catastrophe naturelle afin que les pouvoirs cachés- ne soient pas blâmé pour avoir répété un Auschwitz mondial.

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PLAY ME/ ON IT feat.: IL CAMALEONTE

Il Camaleonte (Andrew Doyle, Royaume-Uni) et DanleMiel (Daniel Guimond. Québec) se sont connus sur Soundcloud en 2019 quand ils ont commencé à collaborer sur des projets de poésie mise en musique. Voici deux de leurs prestations pour vous!

PLAY ME

« Danse danse la danse des denses
Molles bites et chatonnes
Désengagées
À vos dragées
Question Molière :
« Est-ce que c’est la panse
Qui mène la danse
Ou la France
Qui mène la trance? 
Je répète est-ce
La France est en trance?

Danse danse la danse des denses
En points de démérite
Triangulation cométaire
Backchiche parlemantaire
Un braquage de perruques
Sodomie et trouducs
Danse danse la danse des denses

Terroristes de clarté
Casanovas déglingués
Molles bites
Et chatonnes désengagées
À vos godes
Question Voltaire :
« La guerre
C’est la routine?
Il faut cultiver
Notre jardin
Intérieur?
Antérieur?
C’est le jardin
Ou la guerre
Qui l’a dans les miches? »

Danse danse la danse des denses
Puais ce sont des questions bitch
Danse danse la danse des denses »

Music: IL CAMALEONTE/ @andrew-doyle-32194121
Song: Lyrics, vocals: DanleMiel

#PEAKART #PeakArtists

FOLLOW ME – DanleMiel

FOLLOW ME

Le monde reprend
Son air d’aller
Comme cerf-volant
Sur la terre plate
On vit assis
Face à l’avenir qui
Nous prend
Toujours par derrière
À grands coups
De bottes western
En clous de réseaux
Qu’on nous enfonce
Au creux de l’esprit
2
Depuis toute ma vie
J’attends plus rien
Mais le ciel
A la poigne solide
Sur mon ange
En chute libre
Comme si
Dans le fond
Tout le monde sait bien
Que ce n’est
Qu’une première goutte
Et que l’iceberg
Fera déborder l’océan
3
Soleil se lève
Vieux clou rouillé
Je marche en rond
Comme un zombie
Qu’a perdu son cell
Au lieu d’un masque
Armé d’une pelle
Sachez aussi
Que la survie
Est une puissante
Motivatrice de méninges
Au chaos ordinaire
Des cellules souches
Trois jours trop tard
Pour le bouche à bouche

Si j’avais un char… d’assaut

Les monstres sortent

Présentement des cryptes

Et si j’avais un char

Un char d’assaut cela dit

J’irais faire du ménage

Jusqu’à Washingtonne

Tu entendrais ma voix

Qui tonne tonne et résonne

Résonnera jusqu’à plus peur

Après le sang et la sueur

Toutes les ressources

Sur un coup de dé

Et autant de frimousses

Après le tsunami

Qui ne se fera

Pas que des amis

Mes acolytes s’échapperont des sites

Des tunnels des miroirs

Des mouroirs et des hopitaux

Dans les ambulances à reculons

Nous terminerons notre dernier trip

En te mangeant les tripes

D’abord le visage et les pieds

Ensuite les mains que nous garderons

Pour demain petit déjeuner

Sur l’herbe grasse ma foi

Toutes les ressources

Sur un coup de dé

Et autant de frimousses

Après le tsunami

Qui ne se fera

Pas que des amis

Les monstres sortent

Présentement des cryptes

Et si j’avais un char

Un char d’assaut cela dit

J’irais faire du ménage

Jusqu’à Washingtonne

Donald et moi nous serions les rois

Des zigouilleurs

De pédotraffiquants

Et autres fatiguants qui épuisent

Toutes les ressources

Sur un coup de dé

Et autant de frimousses

Après le tsunami

Qui ne se fera

Pas que des amis

 

Suite au silence

Suite au silence  radieux

De nos espoirs catapultés

Notre amour de traverse

Ce désir sans adresse fixe

A rencontré le détour

Des besoins en manque de soins

En thérapie contre la charpie

De tes choix de pur désarroi

Qui font pourtant ici

La Loi

La Loi ma foie au dur recours

D’une maladie non pas de l’amour

Qu’est facile à confondre

Avec la tignasse de crasse

Avant que de la tondre

Sinon que de nous morfondre

À gueuler sur le boulevard

Que tous les autres se trompent

Tels des éléphants

Qui sans s’entendre en rendre compte

Partent au vent

Des éléphants roses ou verts

Qui parachutent dans le salon

Ou les cerfs volant

Dans la noire nuit

Du soliloque en pure bullshit

Qui en langue imaginaire

Va nous chier un hit

Heu, je voulus dire torcher

De passé simple

En présent décomposé

Pour des billes de bulles

De pus capable de te

Ne serait-ce que ressentir

Un gramme de paille d’avenir

Car quand le présent devient impossible

Il sera désormais difficile

De concevoir l’avenir comme

Cible…

 

 

 

Chaussure à mon pied

Ça me semble quasiment
Impossible autrement

Que envers et contre toute logique
Je rencontre mon âme sœur

Dans cette vie ce corps
Sur cette planète en ce moment

D’autant plus que depuis le temps
J’avais abandonné toute velléité d’un
Ion

Mets tes bras autour de moi d’un barreau
Parole de tout petit moineau

Étant de ceux qui, ayant de grands
Étranges pieds, je me suis

Enfargé souvent dans les murs du nid
Me fait passer pour un sale mal pris

De tous les temps senti
Sinon mal chaussé au moins va nu pieds

Jusqu’au jour il y a une poignée
De nuits quand tout a

En quelque sorte explosé
Quand grâce à toi j’ai tiré

Enfin le trait
Sur mes dix-huit ans

De chasteté infirme
Que tu as dormi

Dans l’escalier sur ma rue
Derrière nos principes mal fagotés

Et que fin pété
J’ai ronflé mon abcès

Derrière la porte close
Abnégation ultime

Genre au bord de la surdose
De solitude de béton armé

Quelques scènes
Avant le générique de la Fin

Mon héroïne au moins Russe
Heu rousse en cachette!…

Merci de m’avoir repêché
Du fleuve de mon propre
Abandon, de l’Abysse

DanleMiel
Loves MissRoBee…
Hihihi…

Un peu de musique très à propos de ce qui se trame sur ce site, par les éditeurs de ESC_Niouze, spécialement pour nos lecteurs: notre premier single/ simple ensemble, entre Daniel Guimond (DanleMiel) et Ann Robitaille (MissRoBee) c’est la connexion supérieure! Nous sommes ensemble, vivons ensemble, créons ensemble, éditons ensemble, produisons ensemble, et pour un type de 56 ans, et une femme de 50, ça fait drôle de nous trouver comme des ados!

Les textes de mes pièces que MissRoBee a si généreusement améliorées – au point de les rendre distribuables, sont ici inclus dans l’article pour vous. Et soyez rassurés, le fait de nous marier ne changera rien à nos boulots respectifs ou collaboratifs. Tout reste sur cible!!!

AN ZÉRO

« … Madame monsieur
On a tranché
Ça y est
Les experts ne sont pas tous d’accord
Mais ça c’est pour une autre histoire
Ce soir on me dit
Que
C’est l’an
C’est l’an zéro sur terre
C’est l’an
C’est l’an zéro sur terre

Peau du tambour parlant
Notre corps globale
Globalo per tutto
À nu dans l’univers
La peau de notre
tambour parlant
Commencera lui
Commencera par vous arracher
Vous extirper une dent
Une lettre d’échelle
Tel un barreau à la fois

Pas de la torture…
Meuh non!…
Disons une technique
De dialogue forcené
Heu écrivez plutôt forcé
Oui forcé
Par de viles forcenés
Nous sommes engagés

Dans des expériences
À vous faire frémir
À en mourir de peur
Alors à quoi bon
Pourquoi donc la vérité
Libérerait-elle
Est-ce qu’une fourmi
Pilote un Boeing 747
Avant d’apprendre
Que quand Washington dit
Faire la Paix
Ce sera avec des bombes
Démocratiques aux non-létales
Armes médicales et planchers
Des vaches qui reculent
À la place des ambulances
Dans le savon d’abattoir
Réchauffement climatique
Est le code du Mois de Morse
De l’An Zéro de l’Ère Glaciaire
Pas pour demain bel et bien Hier!

… Madame monsieur
On a tranché
Ça y est
Les experts ne sont pas tous d’accord
Mais ça c’est pour une autre histoire
Ce soir on me dit
Que
C’est l’an
C’est l’an zéro sur terre
C’est l’an
C’est l’an zéro sur terre »

DanleMiel, 2014-15

Merci de votre écoute.
Pour nous appuyer allez sur notre page Bandcamp
et achetez une de nos pistes au prix de votre choix.
Bisous!

MissRoBee
vs.
DanleMiel

 

 

De Farcebook à Gaargle

En corps et en cadres
De plywood made in Hollywood
Et du pain et des jeux
De Farcebook à Gaargle
Les pressetituées des Merdias
De Mars nous télédéchargent
Leur massage identitaire
En ronds de fumée
Au mois de morse
De l’An Un sur Tarte
(la planète terre est-elle plate?
Ou je m’emmêle dans la pelotte?)
De laine mon chandail favori
Lui qu’est tatoué tel un Maori
Alors que les ambulances
Reculent dans le savon d’abattoir
Des danseuses toutes nutes
Fûment nos pipes à Hachette
Et Gramillard me saigne un tchèque
Tes pitons mon morpion favori
J’ai pas encore commencé
À me retarder sur ton cas
Tu crééra pas ça de’t’à l’heure
Regarde donc sur ton téléphone
Si je serais pas déja dans ta carte
De crédit volé en BéAimeDoubleV
Avec deux trois gars qui chantent
Des osti de platitudes pour les clientes
Du Club des morons en vacances
Permanentes pour cause
D’une infirmité du cerveau
Génétique familliale et à la mode
De chez-nous prends surtout
‘Toutes’ tes médicaments mon tannant!
Dans le Miel (ou DanleMiel pas un film des Charlots)
Pour les durs de comprenure
Et les chanteuses de Crap à gogo
Et autres diseuses de mal aventure
Nommées Brune le sociopathe
Malade et fort dangereux
Ainsi que le sceau dans philo-aime mais de loin
Mon Python de sarpent à sornettes
Exploiteur de vieilles dames
Sur le bord de la traite fermée
Mères esseulées et anciennes blondes
Aux tifs noir comme le soir
Ou aurais-je mieux fait d’écrire SWATT
Des always open closed
Comme ma porte dans la face
Des ti-crass à crassquettes
À l’envers tant que possible
Jusqu’à ce que la Tarte ne s’ouvre
Et nous déploie tous ses diamants
Et secrets au grand air du jour
Qui ne se lèvera pas pendant trois
Loooongues nuits vérifie ton stock
De Krafty Dinner Chef Boyardee
Passsque la Lune te jour des tours
De chapot et de poney dans le ciboulot
Ma blette en plastic fondu
Comme le fromage Suisse
En croque mitaine sous ton lit
Marci
On se rappelle Lindi Yo
Le Gros
Le king d’en haut
Ta sacrétaire as-tu toute noté?

leMiel_Dan
Frontalepoésie

Devrais-je pèter ou contrepèter

« Si je ne suis pas pour moi,
Qui le sera, et quand » – הלל הזקן
Hillel Hazakem

Ces temps que j’ai tant attendu
Soufflent enfin leur venin sous ma porte
Tout à l’heure il va venter fort fort

Et beaucoup de poux vont se faire emporter
Par la tourmente qui gronde
Les éclairs qui vrillent le ciel

En plâtre lézardé de miel auto-adhésif
Les autres petites abeilles
De la ruche que je squatte

Mènent une bisbille de l’enfer sans climatiseur
Je vois bien que tout aurait du péter
Avant-hier mais je n’étais pas prêt

Pas tout à fait prêt or là
Ça y est, j’ai rechargé le calibre de beats
Acrocheurs et mon catalog instrumental

Buzz de visiteurs curieux
De savoir pourquoi toute cette activité?
Ils tournent autour du poteau de l’écran

Alors que leur laisse rapetisse et
Qu’ils commencent à trouver cela étouffant
Je voudrais pourtant les réconforter

Mais il n’y en pas un pour sauver l’autre
Je vaque donc à mes petites occupations
Saines et constructives

Comme on reconstruirait les Tours
Sur Manhattan en mémoire
De notre ignorance crasse…

DanleMiel, pas Charlie, ni même Charlot!

Masse de signes obliques

À l’entonoir l’information s’égoute
Tels des étincelles qui cascaderaient
Depuis l’essence de leur non-réalité
Au travers le jeu objectif de fractales
Au bout duquel j’émerge en corps
Serai-je lontemps seul au monde
Dans le hall aux miroirs hilarants?

Est-ce que nous nous perdons sans cesse pour jouir de l’impression de nous retrouver? Est-ce que tels que les clichés le suggèrent nous subissons notre condamnation à vivre telle une fuite perpétuelle vers l’avant sans queue ni tête? Ou est-ce que la temporalité de la création de ma vie, en raison de ma mort imminente, comme par une force magnétique inexorable, après maintes interruptions, m’oblige à  toujours refaire le point puis reprendre ma route là où je m’étais égaré? Soit, dès mon origine, tel le serpent qui se mord la queue…

Comme de faire semblant de respirer
Après une courbe mal éclairée
Une carlingue décapitée du coup
Beaucoup de questions sans réponse
Après l’escalier gradué de clarté
Et des questions sur la raison du zoom
De retour dans cette séquence et pourquoi?

Pourquoi d’autre aurais-je bourlingué ainsi – beaucoup même, trop peut-être, aux dires de certains? Pourquoi – depuis le plus jeune âge – aurais-je senti le besoin d’assouvir aussi rapidement cette inextinguible soif de voyage, de dépaysement tel un junky incapable de se garder une dose pour le lendemain; plutôt que de rythmer mes déplacements en un projet raisonné et planifié pour meubler une vie conséquente et bien remplie, si ce n’est qu’il y avait dès le départ un plan précis?

Combien de fois depuis une décennie me suis-je mis en route pour quitter le bled paumé de ma banlieue natale? Moi qui, lorsque plus jeune, je vivais soit en France ou en Irlande, n’aurais jamais cru un jour revenir ici, bien encore moins m’y trouver scotché comme incapable d’y larguer les amarres, suis-je victime d’une conspiration menée de main de maître pour m’empêcher de réaliser mes rêves de finir mes jours sur une plage sous les palmiers? J’ai beau scander mon passé et rien, alors là rien du tout ne me connecte à cet endroit, sa médiocrité, ses habitants qui depuis la plus tendre enfance j’ai toujours méprisé. Preuve en étant qu’à dix-huit ans j’avais mis les voiles pour la grande ville, de l’autre côté du pont, Montréal mon réel, puis deux ans plus tard j’avais carrément quitté ce continent pour installer mes pénates en France avec la plus ferme intention de ne jamais me retourner sur cette Amérique du Nord, que je percevais comme la grande noirceur.

Un rectangle noir penché en suspension
Dans un noir plus profond plus creux
Le noir d’un trou de noirceur dans le noir

Puisqu’il n’y a pas de coïncidences, pas de hasard et que la réalité est un ensemble mathématique de forces, d’informations qui créent la matière et ses conséquences: suis-je ici maintenant, vivant sur une rue portant mon prénom à cause d’un trajet, d’une leçon préétablie et ponctuée d’interruptions, de déviations propices à élargir la portée de ma quête mais sans toutefois m’offrir la possibilité de me perdre tout à fait? Aidez-moi quelqu’un, je vous en prie!

Masse de signes oblige, toujours sur la route par définition, j’ai beau emprunter tous les procédés logiques dont mon cerveau dispose, j’ai l’impression d’être disparu et je me sens tombé dans un trou de vers duquel je ne trouve plus la sortie. À la rencontre de la parole, mon corps ne fait que se substituer à l’absence sur sa propre scène. Mon corps a peur d’être un personnage sacrificiel, à l’encontre de son espace-temps, occupant tantôt la forme du bouffon loufoque, tantôt du mystique en proie à des révélations occupant le lieu supratemporel de son origine. Ce que je m’explique, dans ma recherche personnelle comme si j”étais revenu jouir du point de vue d’avant ma naissance. Mais pourquoi donc? Et à quoi bon revenir sur ce point de fuite?

Me revoici pourtant narrateur de la fiction de mes propres origines et du trajet d’un demi-siècle sur les planches d’une oeuvre sans balises claires, surgissant de nulle part et de partout à la fois, glissant sans cesse d’une extrémité à l’autre des pôles de mon interaction avec le monde. Métaphoriquement opposé à la phrase de Robert Charlebois: “Je suis un ‘bum’ de bonne famille”: intellectuel de famille de bums (loubards).

DanleMiel,
Longueuil 3 Mai 2014

Pourquoi cela n’arrive qu’à moi?, extrait

Prologue –

Hier, quand on l’a abattu sous mes yeux, je ne disposais d’aucun moyen pour empêcher ce crime-là plutôt qu’un autre. D’autant plus que Eve et moi escaladions une passe particulièrement pénible. Les crevasses qui – depuis belle lurette, lézardaient les assises de notre relation pourtant solide, nous menaçaient d’un glissement de terrain imminent. À tel point que j’avais prétexté un soudain malaise pour me tirer du boulot. J’étais rentré à l‘appartement, bien résolu a marcher sur la corde raide au-dessus du gouffre mais elle était partie faire des courses, et par une journée aussi ensoleillée, cela ne lui ressemblait, alors là, pas du tout !

Toujours est-il que, vers treize heures, j’attendais son retour en sirotant un whisky, au dernier étage d’un immeuble bordé d’arbres centenaires, dans notre appartement parsemé de baies panoramiques, avec vue sur un square aux allures victoriennes, – de sorte que nous avions renoncé à accrocher des rideaux -, j’admirai longuement les faisceaux irisés qui dansaient dans mon verre comme dans un kaléidoscope. Des mésanges s’ébrouaient à proximité, folâtrant aux branches du grand érable plaine. Ma présence ne les importunait guère plus que celle de l‘homme invisible

Je descendis chercher le courrier. Je feuilletai le contenu des enveloppes, refrénant l’impulsion de flanquer à la poubelle les notes de téléphone et d’électricité. Les nouvelles désobligeantes arrivant toujours en groupe, la dernière d’entre elles n’était pas des moindres…: un avis signé par le responsable des travaux publics décrétait que la voirie se préparait à passer à l’acte.

Je me suis aussitôt remémoré une conversation avec un de nos voisins, qui jurait que les arbres, à la source de notre engouement pour cet appartement, finiraient par être coupés. Étant donné qu’on les avaitétranglés dans le bitume, m’avait-il confié,cela ne représenterait pas une bien grande perte ! Ça lui épargnerait de ramasser les kilos de samares qui dégueulassent annuellement sa voiture.

Autant vous dire qu’Eve vouait une adoration toute particulière à ces arbres. J’avais jugé préférable de garder l’entretien en question secret. Je vérifiai toutefois la date sur l’avis et sur le calendrier. Nul besoin de chercher plus loin : tout concordait irrémédiablement. Je pliai la lettre, la fit disparaître dans la poche de mon bermuda et tentai de le chasser de ma mémoire. J’espérais seulement qu’Eve n’aurait pas vent de cet assassinat avant que je ne trouve le courage de lui en parler.

Eve, de tout temps sensible à ce genre d’attention, ne resterait pas froide à mon projet de déjeuner en tête-à-tête. Je sortis du placard des plats colorés, et parai la table comme pour une fête, malgré un moment d’hésitation devant la pénurie compromettante de denrées au frigo. C’était là l’essentiel de ma stratégie, quand le ‘bip-bip-bip’ familier d’un engin motorisé qui recule fit déguerpir mes petits copains les oiseaux. Je me ravisai, et me laissai piquer au jeu ; juste en bas, un camion à nacelle manœuvrait vis-à-vis de l’immeuble.

Il se gara, pour ainsi dire à bout portant. Deux types en descendirent se déplaçant avec cette lenteur propre aux employés municipaux. Ces deux là étaient définitivement syndiqués. L’un des deux procéda à la délimitation d’un périmètre de sécurité autour du tronc de l’arbre, tandis que l’autre extrayait un Thermos d’un sac planqué à l’arrière de la plate-forme.

Je gardais, en remuant la salade, un œil inquiet sur ce que trafiquaient ces deux envoyés spéciaux. J’allumai le transistor lorsque les ennemis jurés de la nature entamèrent leur gueuleton. Je tranchai du pain, sortis le beurre et préparai une vinaigrette. Tel un chirurgien, je me lavai avec application les mains comme si je pouvais en éliminer les germes du grave problème sur le point de devenir mien. A la radio un journaliste énumérait les catastrophes qui avaient secoué la planète depuis l’aurore : vague d’attentats, génocides en série, hausse des infanticides, baisse du taux de natalité, excès de dépenses au Sénat… Clic ! J’en avais assez entendu…

Je fouillais dans le dernier tiroir de gauche, à la recherche de quelques nappes colorées quandpar la plus pure des coïncidences, je découvris une pile de magazines, – qui croyez-moi si vous le voulez, n’étaient pas les miens !

J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’un catalogue d’implants mammaires, car les nichons en page couverture m’avaient l’air d’avoir nécessité une certaine chirurgie. Le panthéon de déesses me certifia la supériorité du corps féminin sur le reste. De fil en aiguille, je finis par siffler la bouteille et desserrer les mâchoires.

Pour un peu, je serais retourné prendre une douche.

Mais Clac ! : Eve franchissait ostensiblement la porte.

Vlan ! : Je refermai le tiroir.

Le vrai problème avec la vie, – je ne parle que pour la mienne -c’est qu’elle est singulièrement orchestrée !

– Adam ! ,t’es là ? !…, cria-t-elle du bout du couloir.

– Oui chérie ! Dans la cuisine… J’ai besoin de te parler !

– Attends voir ce que je me suis achetée ! Je l’enfile et j’arrive !… Tu me donneras ton avis !

Les interminables secondes qui suivirent ne me suffirent pas à reprendre mes esprits. Lorsque la génératrice se mit à gémir, j’aurais voulu prévenir Eve de ce qui allait se produire, bien que cela n’aurait fichtrement rien changé.

Je reculai dos à la fenêtre…

Le bras porteur de la grue propulsa lentement la nacelle vers moi, exécutant un long travelling au même moment où l’actrice principale surgit dans l’embrasure de la porte. Elle était d’une rare beauté, subtilement maquillée. Ses lèvres esquissèrent un sourire hésitant, qui lorsqu’Eve crut saisir la signification de ce qui se passait de l’autre côté de la fenêtre, transforma son visage tout entier.

– C’est pas vrai !!! , hurla-t-elle.

J’aurais voulu lui répondre que la vérité sur terre … ! Mais je fus réduit à me retourner sur mon axe et à assister à la pire chose qui, à mon sens, pouvait désormais arriver : un type en combinaison verte qui immobilisant la coque d’une nacelle au niveau de la fenêtre, fut tout aussi ébahi de nous surprendre ainsi, qu’Eve dont la jupe moulante incitait à la bonne humeur. Il se séchait le front en souriant. Je n’aurais pu positivement l’identifier derrière son casque à lunettes protectrices. J’eus seulement la fulgurante intuition, que cet inconnu chargé du destin, allait secouer notre monde d’une force dévastatrice. Ma première réaction fut de lui faire un bras d’honneur. En guise de réponse la nacelle rugit de plus belle.

Notre voyeur sortit de nos vies comme il était venu, brandissant une tronçonneuse. Cap sur le sommet de l’arbre à décimer.Eve, horrifiée, gémit une phrase que le vacarme du camion rendît inaudible. Je tendis les cuisses, écartai un tant soit peu les jambes. Je balançai sur l’une puis l’autre, prêt à la retenir, pour le cas où elle déciderait de se porter au secours de notre ancêtre feuillu.

Lorsque le choc sonore de la tronçonneuse éclata au-dessus de nos têtes, Eve empoigna une tasse qu’elle envoya se fracasser contre le carrelage à mes pieds, puis s’enfuit sur les chapeaux de roues. Je me lançai spontanément à sa poursuite malgré les éclats de céramique qui ne me ralentirent guère, au contraire, je fonçais.

Je réussis à coincer la porte de la salle de bains avec mon pied. Celui qui saignait justement. Nous avons joué du qui perd gagne un bref instant. Puis elle se résigna à me laisser entrer. Elle posa ses fesses sur le rebord de la baignoire. Je m’affalai sur le siège de toilette. Quand elle eut la tête entre les mains, je déroulai du papier hygiénique à l’aide duquel j’épongeais soigneusement le sang. Je prenais tout mon temps. Car j’avais tout mon temps. Enfin, c’est ce que je croyais ! Nous sommes tous impuissants face à la douleur. En dépit du bruit atténué, elle me lance à tue tête : « Ça fait exactement un mois que je couche avec Suzanne ! … Un mois ! … Tu te fous de ma gueule ? … Soit tu me trompes… ? ! Ou tu ne m’aimes plus… Y’a pas trente-six mille solutions ! …»

Je retirais un à un les infimes éclats de céramique. Je répondis : « Un mois ! … , sourire fendu jusqu’aux oreilles je renfonce le fer chaud : Petite cachotière va ! Un mois ça se fête, il fallait me prévenir !

Il m’apparut évident que j’avais tout intérêt à changer de tactique, sinon cela risquait de se gâter. Mais avant que je ne puisse formuler ma prochaine phrase, elle rajouta :

– J’en ai marre de ton indifférence ! … Marre de tes excès, marre marre marre !!!

Pendant qu’elle allumait nerveusement une cigarette, je tentai de la déstabiliser :

– Regarde-moi bien dans les yeux ! … Il y a longtemps que je ne fais plus ce que je veux de ma vie… Tu ne me diras pas le contraire ? ! … Ai-je l’air de m’en plaindre ???… J’ai besoin de me décontracter de temps en temps. Je t’en prie ! Une bonne nouvelle à la fois ! …

Elle se leva et se jaugea dans le miroir, d’où je la voyais tout flou comme dans un rêve. Étant donné la douleur qui m’élançait au talon, je me suis dit qu’en fait de cauchemar, celui-ci méritait un oscar virtuel. Le vrombissement de la tronçonneuse me confirma une fois pour toute le concret de la situation.

– Je te quitte !, brailla-t-elle. JE TE QUITTE !!!… C’est tout ce que ça te fait ? !!!

– Rien à déclarer ! , m’étranglais-je comme si j’avais besoin de cette torture.

– Cœur-de-pierre ! … Salaud !!!

Je sautillai sur une jambe jusqu’au lavabo et immergeai ma blessure. L’eau devint aussitôt rouge. Je ne voulais, ni ne pouvais croire ce qu’elle venait de m’annoncer. Par ailleurs, il y avait des mois qu’elle ne bossait plus, je ne voyais pas comment elle avait pu s’offrir un tel caprice. Je fouillai dans la pharmacie pour du sparadrap pendant que mes neurones établissaient un premier bilan.

Eve trépignait sur place, ses yeux se révulsèrent par intermittence. Entre deux spasmes elle me foudroya du regard et me dit : «Cette fois t’es allé trop loin ! T’avais qu’à téléphoner pour me prévenir ! Le téléphone ça existe ! …» Je rétorquai : « C’est que… »

– C’est que t’en as rien à foutre ! , relativisa-t-elle. Je rentre sur Paris le quatre …

Nous avions l’air de boxeurs sinistres se jugeant avant le match, j’examinais chaque battement de cil de mon adversaire, battu d’avance par le fort faible que je nourris pour elle, depuis ce jour où mon regard s’est posé sur le lac de ses yeux dans lesquels je n’ai cessé de combattre le courant pour ne pas m’y noyer. Elle rajouta : « Je me barre… Je m’arrache… C’est fini entre nous. T’as gagné ! Chapeau, champion ! » Incapable de soutenir son regard, si seulement j’avais des reproches à lui faire, ne serait ce qu’au sujet de cette passade avec Suzanne ! Je refusais de m’étendre sur les motifs de leur supercherie. Tout ça était de ma faute. Ma langue se délia enfin ; je changeai de sujet. Je me lançai dans une longue diatribe qui ressemblait à du chinois car je laissais mon corps en état de choc parler pour moi. Mon corps n’avait pas les mêmes idées que moi.

Elle haussa les épaules, me serra un bras. Je me tu. Un long soupir lui échappa. La rage la fit vibrer.

– T’es sourd ou quoi ? !!!… Je m’en vais ! … T’es satisfait ???

J’avais les jambes comme de la guenille. Manque de pot, je tombai à genoux, m’accrochai à ses cuisses et me mis à chialer. Mon étreinte mélangeait l’excitation au chagrin. Caresser Eve m’a toujours fait cet effet-là. Je couinais tel un bébé auquel on arracherait un à un les ongles. Je râlais, incrédule face à la méchanceté du sort que je méritais au centuple.

Sur ces entrefaites, le télé-avertisseur fixé à ma ceinture fit des siennes. Malgré ma position compromettante, ma curiosité l’emporta, je jetai un œil au petit écran à cristaux liquides. Eve utilisa le fragment de seconde où je défis mon emprise pour reculer d’un demi pas. J’étais agenouillé, implorant l’absolution. En contre plongé comme ça, ses seins charnus un peu tombants retinrent mon attention. Elle ramassa un chemisier sur le panier de linge sale et l’enfila. Elle dominait la situation de plusieurs têtes, elle se pencha sur moi, et d’une voix presque enfantine, avec un accent de désespoir elle me balança : « Et en plus tu vas te barrer ! … Vas-y !… T’es une ordure ! »

Ma tête se rétracta dans mes épaules au moment fatidique où elle me décocha une gifle magistrale. La porte n’avait pas encore claqué, que je m’effondrais sur la tuile en martelant le sol. Il y avait longtemps, avec une femme, que je n’avais pas communiqué ainsi.

Le télé-avertisseur s’emballa de nouveau. Cela suffit à me remettre la tête à l’endroit. J’essuyai les larmes qui me dégoulinaient sur le visage. J’y lus qu’il y avait urgence au chantier. J’enfilai des chaussettes qui traînaient par terre. Elles ne sentaient pas trop, mais étaient un peu rudes lorsque j’y introduisis les pieds.

Le couloir sans écho glissa sous moi, je me retrouvai devant la porte de la chambre à coucher, où elle s’était barricadée. Je cherchais une phrase appropriée. Je frappai doucement… as de réponse. Pourtant !… Le plancher craquait à ses déplacements. Je perçus soudain qu’elle s’approchait : elle arracha quasiment les gonds en ouvrant ; peut-être, allait-elle me donner la chance de m’expliquer ?

Des vêtements propres apparurent à mes pieds. La porte se referma aussitôt. Je l’implorai : « Eve ! … Chérie ! Je rentrerai le plus tôt possible… On pourra parler ! … »

Ce qui m’étonnait, c’est qu’au lieu de se calmer, elle semblait s’agiter. J’écrasai mon oreille contre la porte. Il m’était impossible de déchiffrer les bruits bizarres qui se succédaient. J’étais sur le point de forcer la note, prêt à défoncer si nécessaire : « Pour l’amour de Dieu ! : Dis-moi quelque chose ! » Elle répondit : « Casse-toi !!! J’ai besoin d’être seule. » Je la sentais malgré tout appuyée contre le revers de la mince cloison, prête à capituler : « Téléphone-moi plus tard », me rassura-t-elle : « Moi aussi je t’aime ! … J’ai besoin de réfléchir… T’es là ? » Elle avais bien dit : « Moi aussi je t’aime ! » Je n’avais pas rêvé.

À mon avis, nous progressions. Je murmurai : « Oui mon cœur ! » ettournai sans succès la poignée. Elle sanglotait de nouveau.

– Peux-tu me laisser un peu d’argent ? , fit-elle au bout d’un certain temps.

– Sur la table chérie ! … Faut que j’y aille ! Plus tard mon amour !

– D’accord !… Mais à une condition !

– Quelle condition ??? !

– Ne m’appelles plus ton amour !!!

Éditions Balzac Le Griot – 1999, Paris, Montréal: ISBN: 2921468425
Catalogue: http://www.balzac-editeur.fr/detail.php?article=45

4ième de couverture:

De retour dans son Amérique natale, Adam Villemure globe-trotter et poète à ses heures est un amant et compagnon fidèle, mais aussi un organisateur d’événements hors-pair et un chef d’équipe compréhensif. En ce premier jour de juillet, la réalité le prend de court. On abat l’arbre-fétiche qui protégeait sa cuisine. Eve, sa compagne, menace de le quitter pour regagner la Provence et lui avoue son penchant amoureux pour Suzanne.

Leur imposante propriétaire le coince entre deux portes alors que Jean-Paul, son patron pour le meilleur et pour le pire, impose un surcroît de travail dont Adam se serait bien passé et enfin apparaît Hugo; ami des bons et des mauvais jours, qui le coiffe sur la ligne d’arrivée de la liste des best-sellers locaux. Dans un chassé-croisé d’événements et de revirements de situations, l’auteur nous plonge dans un univers où les personnages en quête d’un bonheur palpable ne semblent plus avoir de prise sur leurs destinées.

Daniel Guimond partage avec son personnage le goût des voyages, de la poésie, et du risque. Dans les années soixante-dix, il fut performeur et vidéaste. Après quatre recueils de poésie, et de nombreux textes dans les revues francophones et anglophones notamment : Exit, Estuaire, Trafic, Hobo-Québec, Only Paper Today, Ennui, Docks, Jungle, Video Guide, etc,, c’est avec son premier roman: ‘Pourquoi cela n’arrive qu’à moi’, qu’il emprunte une nouvelle avenue de son talent multidisciplinaire.