Vite que je te Nique

Trucider de si vils innocents
Au nom du Père de lumière
Bâillonner son fils sans tain
Trop jeune pour mourir
Par manque d’esprit feint

Est constitutionnel selon
Le code, sans compter
Que c’est une bonne
Stratégie économique
Vite vite que je te nique

Nique ta mère pendant
Que t’y es pôv cloche
Fils de pute
N’est pas une insulte
Mais un arrêt temporaire
De procédures judiciaires
Pas un stop net
De la torture hélas

File-moi un clope
Ma mitraillette s’est
Enrayée dans le sable
Allez suce mes bottes
À genoux sale rognon

Viens approche zyeute bien
Vois-tu ce type au loin?
Oui oui, lui avec la gamine
Les qui marchent main dans la main
Je suis magicien tu sais
Alors regarde bien

Maintenant ça y est
Tu ne les vois plus
Pas du meurtre ça
Juste un jeu crasse
Comme sur un écran
Quand nous étions
Encore des enfants des innocents
Avant le télédéchargement

Entends-tu delà le tournant
Un chargement d’huile
Et de camions rutilants
Pour les ressortissants
Que nos débiles au sommet
Encensent avec mon argent

L’opium des robots de chair
Est une urgence pour les ossements
Un appel à l’attentat justifié
Du tas de lavettes à retardement.

Ne te répètes pas

Toujours nouveau le ciel

Éclaboussé d’encre

Jamais une seconde

Ne sera la même

Dans un décompte

Qui finit par commencer

À se trouver une voie

Encore moins la troisième

À gauche tourne

Vers ce repli cru

Dans ton sourire

Si lumineux qu’il chante

Ris mais ris de moi


Quand les nouvelles

Égratignent la peau

Que l’on nous injecte

D’une peur patentée

De toute part que

Le monde se désagrège

Quand l’illusion suinte

La terre éclate

Ses molécules pètent

Les ponts brûlent

Des victimes hurlent

Tant mieux pour le chaos

Le désordre nous sied

À ravir les dormeurs

Et réveiller les morts

Qui marchent parmi nous

Dans leurs peaux synthétiques.

Repens, Reprends-toi

Quand ils ont clamé :
Repens, repens-toi,
Je me demande ce qu’on comprenait,

Quand ils ont crié :
Repens, repens-toi,
Je me demande ce qu’on entendait,

Quand ils ont hurlé :
Repens, mais reprends-toi,
Je me demande ce qu’on espérait.

Quand ils ont balbutié :
Pardonne, pardonne-toi,
Pardon d’avoir cru,
Pardon d’avoir douté,
Je me demande ce qu’on saisissait.

Quand ils ont susurré :
Remets, remets-toi,
Remets ton collier,
Remets ta vie en laisse,
Je me demande ce qu’on percevait.

Quand ils ont chuchoté :
Permets, permets-toi,
Permets-toi le noir,
Permets-toi le blanc,
Je me demande à quoi l’on pensait.

Quand ils ont braillé :
Excuse, excuse-toi,
Excuse-toi pour tes fautes,
Excuse aussi celles des autres,
Je me demande ce qu’on écoutait.

Quand ils ont chanté :
Refais, refais-toi,
Refais-toi un jour,
Refais-toi une nuit,
Je me demande ce qu’on imaginait.

Quand ils ont bramé :
Repens, repens-toi,
Je me demande ce qu’on retardait.


Quand ils ont beuglé :
Repens, repens-toi,
Je me demande ce qu’on prévoyait.

Quand ils ont rugi :
Repens, mais reprends-toi,
Je me demande ce qu’on attendait.

AU BORD DE L’AMOUR

Comme il ne me reste que l’Amour

Je m’agenouille au bord de ma déroute

Devant la pancarte au sens interdit

Viens donc jusqu’ici me retrouver

Comme si mon seul unique combat

Se cristallisait soudain tel qu’on se déboute

D’ un mirage cruel doux mais aveuglant

Une image de toi qui me lâche

Le courroux trouble invivable

D’un chauffard ivre et enragé

Qui pense à moi dans le tournant

De la fin de sa dernière chance

Fracassant un mur de soutènement

….

Comme il ne me reste que l’Amour

Qui souffle à en perdre haleine

C’est avec les yeux bandés

Et le cœur désormais en laisse

Que je nage la pénultième brasse

Dans une mare infestée de requins

Déguisés en béquilles inertes

Que vais-je faire de toutes ces dents

Appuyées à mon vieux corps doré

De souffrir et sourire encore

Malgré le poids de ma courte chaine

Si tu partais pendant mon sommeil

Ce serait toi de partie quand même

Comme il ne me reste que l’Amour

Dans ce désespoir intangible

De m’en sortir tout rond

Avec un gram de peau

Agrafée à l’affiche déchirée

Qui me caresse les os

Ne te fatigue pas de moi

De mes oublis et de mes absences

Il faut bien que je cherche

Dans le dédalle de mes souvenirs

Pour toutes les années à l’égout

Que je me suis perdues

Pour terminer par me retrouver

Dans notre décor à huis clos

Comme il ne me reste que l’Amour

Avant le coup qui ira loin du mur

Celui de la dernière manche

Que frapperait le ciel flamboyant

Du jour incendiaire qui se prépare

À céder pour tout nous dire

Dans un champ couleur de blé

Pour les années qui restent

Du ce corps à cœur déçu

Au beau milieu d’un carrefour

Où ma place est réservée

Mon siège depuis toujours prépayé

Comme il ne me reste que l’Amour

Tous deux seuls dans les rues

Nous traversons la nuit

De nos infinies insomnies

Nous suicidons nos idées noires

Par une solide solitude partagée

Remplie des gerbes de nos passés

Mes promesses de linceuls

Arpentent ensemble les trottoirs

Comme il ne me reste que l’Amour

Alors que soudain le soleil luit

Accoudé au bar de la fin de l’espoir

Je vois dans tes gestes

Que tu penses encore à lui

Mes ailes se rétractent soudain

Dans la cage de mon piège

Je mets les mains dans les poches

Et mes yeux te caressent longuement

Alors que je souris en fermant les yeux

Pendant que c’est à lui que tu crois

Je songe à tous les mots injustes

Que je ne te dirai pas

Comme il ne me reste que l’Amour

Je songe à toutes celles

Dont parfois encore je me souviens

Qui sont venues pour traverser

Sans jamais plus se retourner

Et avant qu’il ne soit trop tard

Je pense à tes longs doigts si fins

Traversant ta chevelure de cuivre

Dans la pénombre à demi-nue

Mon cœur bat fort de chagrin

Cela suffit à me rendre heureux

Cette image incitant l’aventure

Alors que je cherchais quelqu’un

Qui voulait me souffrir pour toujours

JE CHILL

Jusqu’à ce que la barre saute

Je signerai de la matière

À hurler l’impuissance

Dans ma camisole de faiblesse

Je côtoie des brutes

Je partage leur dentelle élimée

Et sue mon contrat vénal

Depuis la première hypothèse

De ma venue

Et des retours qui s’ensuiveront

Pourvu que je brûle

Assez nu dans l’ensemble

À l’autre bout du monde

Autant que possible

Loin des traces de piqûres fraîches

Je signerai ces mots

Qui vous tiendront

Longtemps la main.